VILLE DE BIARRITZ 64200 – Biarritz, le 4 MARS 1988
SECRÉTARIAT Monsieur DUGER FREDERIC
ADMINISTRATION GÉNÉRALE
Tél : 59.24.52.50
Référence à rappeler : N
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous informer que l’Administration Municipale offrira le MARDI 15 MARS 1988 à 18h, dans les salons de l’hôtel de Ville, une réception en l’honneur des sportifs les plus méritants de votre ville en 1987.
Le titre de Finaliste du Championnat de Monde de Golf vous sera honoré et je vous serais très obligé de bien vouloir être présent à cette réception qui sera suivie d’un vin d’honneur.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.
LE MAIRE,
POUR LE MAIRE ADJOINT DÉLÉGUÉ
FFG
FEDERATION FRANCAISE DE GOLF
LA COMMISSION SPORTIVE NATIONALE
Monsieur Frédéric Duger
Rue Séverin Latapie
64340 BOUCAU
Nos réf. : FL/LT013/642 Paris, le 31 août 1992
Dossier suivi par :
Philippe GRANDOU
Cher Frédéric,
Nous avons pris bonne note de ton courrier en date du 27 Août dernier, nous informant de la résiliation de ton statut d’amateur à compter du 7 septembre 1992.
Nous te souhaitons bonne chance dans ta nouvelle carrière et te prions de croire, cher Frédéric, à l’assurance de nos sentiments les meilleurs.
Meilleurs vœux pour ta nouvelle carrière
LA COMMISSION SPORTIVE NATIONALE
C.C. Ligue d’AQUITAINE
Golf de BIARRITZ
Le Maire de Paris Paris le 8 janvier 1990
Monsieur,
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai appris votre magnifique succès dans « l’Orange Bowl » qui s’est déroulé à CORAL GABLES en Floride et j’ai tenu à vous adresser personnellement mes plus vives et très sincères félicitations, car au cours de cette compétition, vous avez su dominer admirablement toutes les difficultés que réserve cette importante épreuve.
Votre victoire souligne les très grandes qualités morales ainsi que l’immense potentiel technique que vous saurez à nouveau, j’en suis persuadé, mettre en valeur.
Lié à la seconde place de Mikael GARABEDIAN, votre splendide succès permet la réalisation d’un doublé fantastique pour le golf français. Je souhaite ardemment que votre carrière sportive soit encore fertile en satisfaction et brillantes réussites.
En vous renouvelant tous mes compliments, je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Bien cordialement
Jacque CHIRAC.
Monsieur Frédéric DUGER
Rue Séverin Lapapie
64340 BOUCAU
Après Marc Pendériès en 1982, et Sandrine Mendiburu, l’an dernier, un autre Français vient d’inscrire son nom au palmarès de l’Orange Bowl. Frédéric Duger a remporté à Coral Gables cette prestigieuse épreuve réservée aux meilleurs juniors mondiaux. Fréderic Duger a devancé au classement son compatriote Mikael Garabédian, qui était en tête à l’issue du troisième tour. Duger a signé un 284 (73,72, 70,69) contre 287 à Garabédian (70, 72, 71, 74) et aura été ainsi le seul joueur à jouer dans le par (71).
C’est un doublé fantastique pour le golf français qui a connu une année 1989 très faste. A la fois chez les professionnels avec l’excellente tenue de Jean Van de Velde, Emmanuel Dussart et Marc-Antoine Farry, et chez les amateurs avec la victoire des dames aux Championnats d’Europe.
Pour arriver à ce doublé historique, les deux Français ont dû sortir le grand jeu face à l’Américain Jonathan Wallace, en tête le premier jour, mais qui avait connu une terrible contre-performance au deuxième tour à cause d’un vent épouvantable (69 et 78). Il avait réussi tout de même à se replacer pour la victoire finale le troisième jour grâce à un 68. Il était même revenu à la deuxième place à égalité avec Duger.
Frédéric Duger aura été plus constant que son compatriote du Coudray puisqu’il améliora chaque jour son score. Et le dernier jour, c’est sur les greens que se joua la victoire. Mickael Garabédian fut peu performant et termina à cinq coups du champion de Biarritz : »Les greens étaient beaucoup plus lents aujourd’hui, avoua le Parisien. J’ai laissé là des points importants. »
Dans le même temps Frédéric Duger attaqua tous les faiways, tous les greens, avec détermination : »je savais qu’il fallait attaquer car Wallace était en train de bien jouer, déclara ensuite le Biarrot. Quand je me suis vu au trou 9, à trois sous le par, je me suis senti très en confiance. » Et surtout son putting fit merveille.
La victoire de Frédéric Duger ne constitue pas à vrai dire une surprise. Son exploit est d’avoir battu les Américains chez eux. Pour le reste, on connaissait le potentiel de ce jeune joueur de seize ans de Biarritz. D’ailleurs, toute la saison avec son copain Mikael Garabédian , il avait été toujours aux places d’honneur chez les cadets.
Tous les deux faisaient partie de l’équipe de France éliminée en quart de finale du Championnat d’Europe Boyas. Garabédian avait sorti Duger en demi-finale du championnat de France cadets, avant de remporter le titre.
Au British Boys, Duger était allé seulement en trente-deuxième de finale, battu par l’Anglais Garbutt, tandis que Garabédian était éliminé en quart de finale par l’Anglais Downie. Ensuite, Frédéric Duger devait remporter le Championnat de France mixte de foursome avec sa coéquipière de club Valérie Michaud, avant d’atteindre le cap des quarts de finale du Championnat de France seniors au Touquet, où il fut éliminé par Thierry Edmond. La progression de cet ancien champion de France minimes suit son cours tranquillement.
« Mon ambition est de devenir professionnel dans trois ou quatre ans, a-t-il déclaré. Pour cela, il faudra que je m’entraine beaucoup. Car j’entends bien venir défendre mon titre l’an prochain. »
Chez les filles, les Françaises ont fait moins bien que les garçons, Maîtena Alsuguren, Kristel Mourgue d’Algue et Stéphanie Lacaze se classant respectivement sixième, neuvième et seizième. Loin derrière l’Espagnole Estefania Knuth, vainqueur en 309, soit treize au-dessus du (74) !
Garçons : 1. DUGER (Fr), 284 (73, 72, 70,69) ; 2. GARABEDIAN (Fr.), 287 (70, 72, 71,74) ; 3.De Pablo (Esp.), 289 (73, 72, 72,72) ; 4. Wallace (EU), 290 (69, 78, 68,75) ; 5. Tracy (EU), 291 ; 6. Florioli (lt.), 292 ; 7. Couch (EU), 294 ; 8. Demsey (EU), Sykora (EU), 295 ; 10. Vanden Berg (PB), 298.
Filles : 1. Knuth (Esp.), 309 ; 2. Cavalleri (lt.), 312 ; 3. Horner (EU) ; 4. Vilagut (Esp.) ; 5. Oliveiro (Arg.) ; 6. ALSUGUREN (Fr.), 319 (75, 81, 83, 80) ; 7. Riviello (Mex.), 320 ; 8. Castelucci (EU), 322 ; 9. K. MOURGUE D’Algue (Fr.), 322 ; 10. Brand (EU), 324 ;…16. LACAZE (Fr.), 333 (82,83,85,83).
Michel DUGER, le père, plâtier comme le grand père, était un golfeur clandestin qui habitait au quartier du Gaz, le long du quatrième trou de Biarritz, et qui se glissait sur le parcours à la nuit tombante. C’est uniquement par mimétisme, en observant les meilleurs driveurs du Phare, qu’il se procura ce swing léger et suave que vingt professeurs parmi les meilleurs seraient encore contents de pouvoir vous montrer.
Frédéric, son fils, n’avait pas six ans lorsque Michel Duger, en coupant le manche par la moitié, lui confectionna son premier putteur. On a déjà entendu la même histoire, le même conte. C’est Frédéric Duger, le fils du platier de Biarritz, qui vient de gagner l’Orange Bowl en Floride. Reste à savoir si la suite sera la même que pour Bernhard Langer, le fils du maçon d’Anhausen…
Par bonheur, comme pour Sandrine Mendiburu l’an dernier, le père noël du golf est passé dans une famille, dans une filière où l’on n’a pas attendu l’engouement actuel pour connaitre le jeu et sa musique. On ne se berce pas d’illusions au pays d’Arnaud Massy.
« On fait des romans pour rien », dit Michel Duger en parfait honnête homme. « On appelle Championnat du monde n’importe quel tournoi pour enfants. L’important, c’est le premier français qui gagnera un Open européen, voilà tout. Celui-là, oui, il va ramasser le jackpot… » Et il ajoute, droit dans les yeux de son fils : « Mais celui-là, est-ce qu’il est seulement né ? »
Décidément Frédéric Duger, à seize ans, est en de bonnes mains, il est dans un bon coin, dans un bon club, et l’on ne voit pas où il pourrait mieux continuer de grandir. Il a déjà travaillé avec Pierre Dufourg, Jésus Arruti, Olivier Léglise, maintenant c’est avec Philippe Mendiburu, le responsable à Ilbarritz d’une ribambelle d’espoirs.
Physiquement, il est pris en main par Alain Marot, l’ouvreur briviste du quinze de France, désormais établi à Biarritz. Henri Forgues, le président du golf municipal, l’a fait inscrire au golf-études de tennis. Bref, depuis que Jackie Labenne, alors capitaine des jeux, avait ouvertles cours du dimanche pour les gamins, Frédéric Duger a toujours été entouré à Biarritz d’une véritable conspiration de bons maîtres et de petits copains.
« Ce qu’il a de plus remarquable, affirme Olivier Léglise, c’est le don de s’amuser énormément sur un parcours de golf. Ça, j’y tiens beaucoup, insiste Michel Duger. Pour passer des heures sur le putting green, il faut d’abord trouver ça amusant. »
Le fait est que l’intérêt purement ludique du golf est trop souvent étouffé par une technicité à outrance. Philippe Mendiburu y veille énormément. « J’irai plus loin, dit Alain Marot. Frédéric est tellement doué pour le jeu (en football aussi) que le danger pour lui est de se perdre dans sa facilité. Il doit comprendre que l’avenir pour lui passe en particulier par une sérieuse préparation athlétique. »
C’est pourquoi une journée ordinaire de Frédéric Duger, qui vient de grimper soudainement à 1.77m de taille, comprend toujours une heure de footing, de musculation ou de sophrologie. La pratique quotidienne du golf l’amène aussi bien à Chiberta, à Seignosse, où il a trouvé le parcours étroit et boisé, également fréquenté par Olazabal, qui le prépare aux tests golfiques les plus ardus.
De son propre aveu, il a gagné l’Orange Bowl parce qu’il a mieux joué dans le vent que les Américains. Frédéric Duger n’est que les Américains. Frédéric Duger n’est pourtant pas bien épais. Mais lorsqu’Arnaud Massy, à la surprise générale, gagna le British Open en 1907, l’explication des Anglais fut la même, à savoir que ce joueur basque avait appris à jouer dans le vent sur le plateau du Phare…
Denis LALANNE
73, 72, 70, 69 : Frédéric Duger a bien mené sa barque en Floride pour l’Orange Bowl qui, chaque année, rassemble les meilleurs juniors du monde. De jour en jour, le Biarrot n’a cessé de progresser pour remporter, sur un dernier tour brillant, un titre mondial envié, car il est synonyme de tous les espoirs. Sandrine Mendiburu, autre produit du golf basque, avait réalisé un an auparavant la même performance chez les dames.
Frédéric Duger était aussi en Floride l’année précédente. Il avait mis la charrue devant les bœufs. Il avait remporté le Doral, épreuve préparatoire à l’Orange Bowl. Il avait bien pris le temps de s’habituer à ces parcours plus américains que nature, où un bunker peut cacher un obstacle d’eau, et vice versa. Et puis, c’est long, très long, bien loin du tracé du Phare, à Biarritz, où Frédéric Duger passe, l’essentiel de ses journées.
Il faut le dire, cette année – celle de ses 16 ans-, il était prêt. Peut-être parce qu’il a failli ranger définitivement ses clubs de golf en juillet dernier. Il joue depuis huit ans. Depuis deux ans au moins, il est au plus haut niveau des catégories supérieures à la sienne. Champion de France minime en 1986, il joue junior, dont il n’aura l’âge véritable qu’en 1992… Il lâche la pelouse pour le sable chaud des plages de l’été biarrot.
La fin d’un espoir ? Pas du tout. Au bout, une prise de conscience. Pour arriver, il faut travailler. Il veut être le meilleur, alors il travaille.
Dans de bonnes conditions. Frédéric est très entouré à Biarritz, où l’on a, depuis trois ans, décidé de jouer à fond la carte des jeunes. Il faut le dire, parce que Frédéric vient de décrocher un titre national… Il est techniquement suivi par Philippe Mendiburu, le père de Sandrine ; Alain Marot, l’ancien international de rugby est chargé de sa préparation physique ; Paul Dorochenko et Jean-Paul Prigent assurent le suivi médical. Bientôt, Fréderic part pour Autrans, dans les Alpes, pour un stage organisé par la Fédération française de golf et basé sur le ski de fond. La sophrologie n’est pas absente de sa préparation : « il faut toujours rester calme dans une compétition, dit FrédéricDuger. En fait, on a deux ou trois coups pour gagner ; ceux-là, il ne faut pas les rater. Grâce à la sophrologie, je maitrise mieux mes épreuves.»
Après avoir craqué l’espace de trois ou quatre semaines, Frédéric Duger a retrouvé son véritable appétit de golf et la volonté de se faire mal pour arriver à où il veut : gagner de grasses épreuves amateur pour se retrouver professionnel dans de bonnes conditions d’ici trois ou quatre ans. Ce serait la première grande étape d’une carrière découverte sur les pas de son père, Michel, fervent de golf, et à travers un sport qui l’amuse et qu’il aime.
La principale force du Biarrot : les fers et le petit jeu. Il se dit moins à l’aise ans le grand jeu. Qu’importe, il va y remédier. D’ailleurs, aux Etats unis, il a bien drivé, et la victoire était au bout. « je sais maintenant que pour arriver, il faut en baver, dit-il. Je suis prêt à le faire… »
Pour l’heure, Frédéric Duger est en vacances de compétition, mais tous les après-midi, il est sur le golf. Il bénéficie pour cela d’une organisation spéciale de sa scolarité. Pour lui, tous les jours, le lycée ferme à 14 heures. Sa prochaine épreuve, les internationaux d’Espagne, fin février. Il y sera. Sûr de lui et ambitieux…
Michel MEUNIER